• Anxiété

    Je la sens, sous ma poitrine, entre le coeur et le poumon, cette lourdeur de la vie qui m'affecte sans mise en garde, froide, directe, brûlante. Il semble qu'elle m'étouffe à petit feu, sans que mon âme puisse crier sa détresse, sans que mon cerveau ne puisse en connaître la source. Elle m'affecte, et pourtant cette douleur me semble douce, douce mais puissante, quel contraste pour la décrire, mais je ne trouve pas les mots justes. L'anxiété peut-être? Sans doute... Ce poids, cette impression que l'avenir s'efface tout à coup pour laisser place au néant. Cette morosité, s'il puisse y avoir un mot pour la décrire, une phrase, un poème peut-être, mais rien... que l'étau de ma chaire, là où aucun muscle ne semble diriger, d'où vient cette sensation? Est-elle physique, est-ce mon coeur qui se contracte différemment? Pourtant je ne sens nulle différence. C'est une émotion, une sensation fictive, une impression. Elle est apparue tout d'un coup, est-ce un signe? J'en doute, le reflet d'un trouble plus profond qui m'affecte, un mal de vivre, un manque de réalisation, une non suffisance de soit, un vide...

    Mon visage se contracte, je veux pleurer, ma tête me dit que c'est la solution, que le chagrin guérit tout, mais y a-t-il quoique ce soit à guérir? J'en doute, car les larmes ne perlent pas, elles restent enfuies, s'agglomérants sous les orifices de mes yeux, elles s'étouffent, comme mon coeur, comme mon âme. Je ne ressens pas l'envie de crier, pourtant cela serait sans doute libérateur. Tout briser autour de moi, lancer par terre mes illusions, les laisser s'accumuler sur le sol sale comme la poussière qui sature l'aire de mon appartement. Alors j'écris... je ne pense pas, je ne cherche pas mes mots, possible que le tout se termine dans quelques minutes, mais le malaise sera toujours là. M'y habituerais-je? Le verrais-je bientôt comme le signe ultime de ma vie, comme respirer? Non, car ce n'est pas vivre, c'est une prison, et mon âme s'y déplace avec peine, chaque mouvement demandant un effort surhumain. Elle s'enroule alors, prenant la position fœtal sensée la rassurer, mais il n'en est rien. C'est une corde qui l'étrangle, un mur qui l'écrase, un couteau qui la déchire, l'isolement forcé par cette douleur, l'étouffement volontaire de ce cri, et le chagrin disparaît, comme il n'est jamais né.

    Le poids n'est pas disparu lui, je le sens encore, mais il me semble que déjà mon corps le supporte davantage. Est-ce un signe de guérison? Ou une adaptation nécessaire pour continuer à avancer? Je l'ignore, mais je sais une chose, c'est que tout n'est pas perdu...


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